Etabli à deux kilomètres au nord-ouest de la ville d’Alençon sur la rive gauche de la Briante.
En 1903, Mr l’Abbé Desvaux, alors curé de la paroisse, se pencha sur les origines de la commune. Historiographe impartial et compétent, auteur de nombreux écrits parus dans les “Bulletins des Amis des monuments Ornais” et dans “l’Echo de Damigny”.
Les lettres de noblesse de Damigny, pour être modestes, n’en sont pas moins prenantes pour qui voudrait les approfondir.
Il nous faut remonter le temps, une époque où la France était Gaule.
Une voie romaine venant du sud, longeait l’actuel oratoire de Notre Dame de la Paix, se dirigeant vers le ruisseau de Maure, et s’enfonçait plus avant, à travers la forêt vers le camp du “Châtelier”, appelé aussi “camp de César”, il est toutefois douteux que l’empereur y ait séjourné, mais, plus vraisemblablement, l’un de ses fidèles lieutenants, un nommé Rosélius. Les travaux entrepris par Monsieur Margry, instituteur, ont permis de mettre à jour certains éléments de cette voie romaine.
Un colon romain, Digmanus, s’établit sur l’actuel Damigny, y créa un domaine avec habitations, défenses et cultures. Il lui donna son nom: Digmaniacum (qui veut dire appartenant à Digmanus). Deux siècles après la fondation de Digmaniacum, Saint Latuin premier évêque de Sées évangélisa la contrée.
L’antique Digmaniacum passa ensuite aux mains d’un puissant Seigneur Bertus, puis à Saint Hugues, archevêque de Rouen.
La langue se décantant peu à peu, Digmaniacum devint Digmaneim, puis Damigni et enfin en 1988 Damigny.
En 1360, suite au traité de Brétigny la Normandie restait à la France, c’est aussi la fin d’un règne: celui des seigneurs de Damigny. Pendant 400 ans la famille de Meurdrac a eu entre ses mains le destin de notre commune.
Au lieu-dit la “La Rimblière” s’installe en 1535 la famille Jehan de Frotté. Le dernier et le plus illustre des représentants des de Frotté, né en 1766, fut Marie Pierre de Frotté, Maréchal de cam, chef emblématique de la chouannerie normande. Il est arrêté sur trahison avec six de ses officiers à Alençon, à l’hôtel du Cygne, alors qu’il négociait avec le général Guidal sa reddition. Trois jours plus tard, une commission militaire le condamne à mort, sans avocat ni témoins, à Verneuil, où il est fusillé le 18 février 1800.
“Damigny les Perrons” dit-on souvent dans le pays. C’est bien, en effet, ce qui caractérise le village, autrefois tout vibrant du fracas des métiers et qui vécut, pendant des siècles de la fabrication des toiles de chanvre et de lin au même titre que Courteille, Cerisé, Le Chevain, Saint Germain du Corbéis, autres localités voisines de la banlieue d’Alençon. Le dernier tisserand est mort en 1916. Tous les métiers ont depuis longtemps disparu. Seules, les maisons demeurent, simples ou doubles (rue Principale), elles abritaient un ou deux métiers. En 1845 on dénombrait: 160 métiers détenus par 33 fabricants et 11 fabricants à 1 métier.
A partir de 1900, époque où huit métiers seulement continuent à fonctionner, Damigny, est redevenue une commune comme les autres, un centre rural de 992 habitants, divisée en 29 exploitations avec quelques commerçants, fonctionnaires, ouvriers et auquel la ligne de chemin de fer Alençon-Domfront, établie en 1881, procure un peu d’activité.
A partir de 1920, la ville devient le pôle d’attraction d’une importante partie de la population.
La Préfecture (Alençon), les PTT, l’Administration municipale, la gare, occupent un personnel de plus en plus nombreux; les transports automobiles se développent, une importante scierie fonctionne, une usine de céramique se crée.
En 1946, chaque matin ce sont: 119 fonctionnaires, 56 employés de bureau, 26 employés à la SNCF, 28 employés des PTT, 143 ouvriers, 20 manoeuvres, une cinquantaine de femmes de ménage, de vendeuses, ou d’écoliers se rendent à la ville où les appelle leur travail.
Comme Saint Germain du Corbéis, comme le vieux Courteille, Damigny, ancien centre textile rural, est devenu commune urbaine, en attendant son rattachement définitif à la ville d’Alençon.